C'est quoi l'abolitionnisme ?




L'ABOLITIONNISME est un mouvement apolitique et féministe qui propose de lutter contre le phénomène prostitutionnel de la manière suivante:

- Accompagner, être aux côtés des personnes prostituées

- Leur proposer une alternative à la prostitution

- Responsabiliser voire pénaliser les clients-prostituteurs

- Réprimer réellement les proxénètes

- Mettre en place des mesures de prévention et d'éducation

lundi 2 mai 2011

Désastre.s de la légalisation

Puisque nous sommes passé.e.s d'une polémique sur la pénalisation des prostitueurs à l'éloge de la légalisation de la prostitution, pourquoi ne pas regarder de plus près les bilans concernant cette dernière ? Le système suédois n'est pas parfait mais il reste quand même loin de ça:

- Les liens entre prostitution et crime organisé
Ils n’ont pas diminué. Des rapports australiens et néerlandais montrent au contraire que la légalisation, sous bien des aspects, a renforcé ces liens.
L’ONG Project respect estime que des bordels légaux du Victoria utilisent des femmes trafiquées. Un institut australien de criminologie évalue à un million de dollars par semaine les revenus de la prostitution illégale. Selon l’australienne Sheila Jeffreys, loin de faire reculer le crime organisé, la légalisation a entraîné une explosion des trafics criminels de femmes ; et des criminels condamnés conservent leur rôle dans le business, couverts par des personnes plus honorables.
En octobre 2003, la mairie d’Amsterdam a décidé de fermer la zone de tolérance ouverte à la prostitution de rue. Le maire a invoqué "un dilemme diabolique" en expliquant qu’il "apparaissait impossible de créer pour les femmes prostituées une zone saine et contrôlable qui ne soit pas récupérée par le crime organisé." En 2007, la municipalité d’Amsterdam se lance dans une profonde et coûteuse opération de rachat des bordels du quartier rouge afin d’amener la restructuration du quartier : un constat d’échec sans appel.
- L’industrie du sexe en pleine croissance
Alors qu’on a voulu contrôler l’industrie, on n’a fait qu’en encourager la croissance. Dans l’état de Victoria, les bordels légaux sont passés de 40 en 1989 à 94 en 1999.
Il semble que la légalisation ait fait la preuve de son échec pour éradiquer les trafics. Les premières raisons en seraient les difficultés de contrôle et le manque de moyens donnés aux autorités locales. Comme l’explique l’américaine Janice Raymond : "En Nouvelles Galles du Sud, les bordels ont été décriminalisés en 1995. En 1999, leur nombre à Sydney a augmenté de façon exponentielle jusqu’à 400/500. L’immense majorité n’ont pas de licence. Pour en finir avec la corruption endémique de la police, le contrôle de la prostitution illégale est passé de ses mains à celles des mairies ; celles ci n’ont jamais l’argent ni le personnel nécessaires pour envoyer des contrôleurs dans les bordels et poursuivre les opérateurs illégaux."
La légalisation des bordels place une charge administrative considérable sur les autorités locales. Bien qu’il soit exigé légalement que des inspecteurs contrôlent régulièrement les établissements, il est évident que c’est loin d’être toujours le cas.
- La prostitution illégale
Le problème inhérent à la légalisation est qu’il légalise un seul secteur de la prostitution. Quand ce secteur se développe, le secteur illégal en fait autant, que ce soit les bordels illégaux ou la prostitution de rue.
La légalisation ne fait pas disparaître la prostitution de rue ni les dangers qui y sont liés. On a même enregistré une augmentation significative dans le Victoria avec des niveaux plus élevés de viols et de violences.
De même, les bordels légaux tendent à être pris en main par les entrepreneurs de l’industrie du sexe et il n’est pas facile pour les femmes elles-mêmes d’organiser et de maintenir des collectifs de prostituées.
Les estimations de la police et de l’industrie du sexe légale établissent le nombre des bordels illégaux en Victoria à 400, soit quatre fois plus que les légaux.
De leur côté, les Pays-Bas ont souffert de divers inconvénients de la loi : le déplacement des lieux de prostitution vers des zones où les contrôles sont moindres ; le retour au secteur illégal d’opérateurs légaux qui ont fermé leurs établissements face aux obligations règlementaires ; l’utilisation de prête-nom par des exploitants connus de la police et donc dans l’incapacité d’obtenir des licences en leur nom propre.
- La prostitution des enfants
La prostitution enfantine a connu une croissance certaine ces dix dernières années aux Pays-Bas. L’organisation des droits de l’enfant à Amsterdam estime qu’il y a aujourd’hui plus de 15.000 enfants, en majorité des filles, dans la prostitution, soit une augmentation de +11 000 depuis 1996. 5000 d’entre eux proviendraient de l’étranger, notamment du Nigéria.
- Taxes et revenus, un solde négatif
L’évasion des taxes est la situation la plus courante. En Australie, sur 22 500 "travailleuses du sexe", 3.699 payaient les taxes légales selon une étude de 2002. On estime les pertes du gouvernement à 100 millions de dollars australiens par an. Aux Pays-bas, seulement 5 à 10% des prostituées paient les taxes légales, selon le centre d’information sur la prostitution d’Amsterdam (2003).

La situation pour les personnes prostituées

- Une violence omniprésente, endémique
La violence contre les femmes ne semble avoir diminué ni aux Pays-Bas ni dans le Victoria depuis la légalisation, et tout laisse même penser qu’elle a augmenté.
Un rapport de l’Institut Australien de Criminologie concluait en 1990 que beaucoup de prostituées couraient de grands risques de violence dans les bordels légaux.
Une étude de 1994 établissait qu’un pourcentage significatif de prostituées se sentait en insécurité avec les clients, parfois ou souvent. Dans les mêmes années, le Collectif de Prostituées de Victoria (PCV) recevait 15 plaintes pour viol et violences contre les prostituées chaque semaine. Beaucoup de femmes des bordels illégaux du Victoria disaient ne pas porter plainte auprès de la police, de peur d’être interpellées ou jetées en prison.
Une étude néerlandaise a montré que 79% des femmes en situation de prostitution disaient s’y trouver poussées par une forme ou une autre de contrainte (Institut de recherche socio-sexologique, 2000)
- La santé en péril
Depuis les changements légaux intervenus dans l’industrie du sexe dans le Queensland en 1992, les dangers semblent avoir augmenté dans ce domaine.
D’une part, le PCV, association d’aide aux prostituées, a montré que les contrôles accrus avaient poussé beaucoup de femmes dans le secteur illégal, où il y avait un risque plus grand d’infection par le HIV, et un accès limité au collectif et à son aide.
En 1990, un rapport de l’Institut Australien de Criminologie montrait que les femmes prostituées du secteur légal couraient de hauts risques d’infection au HIV à cause de la pression des clients mais aussi des patrons de bordels pour des rapports sans préservatifs. En 1998, une étude menée à Melbourne donnait le chiffre de 40 % de clients ayant des rapports avec des prostituées sans utiliser de préservatif.
Dans le Victoria, entre 2000 et 2002, on a enregistré une augmentation de 91% du nombre de femmes présentant une infection au HIV, pour une augmentation de 56 % dans la population globale.
- Le stigmate
La légalisation ne parvient pas non plus à régler le problème du stigmate qui pèse sur les personnes prostituées, malgré tous les arguments en ce sens.
Selon des prostituées néerlandaises, loin d’enlever le stigmate, la légalisation les rend plus vulnérables en les contraignant à renoncer à leur anonymat.
Selon une étude effectuée à Amsterdam, les prostituées qui se présentent comme des travailleuses indépendantes découvrent que les banques et les compagnies d’assurances leur refusent toujours leurs services.
Ainsi, bien que la question des droits des prostituées dans le cadre de leur travail soit souvent avancée comme une raison de légaliser, beaucoup de femmes ne se font pas enregistrer et continuent d’opérer illégalement.
- Et les clients ?
La légalisation encourage la demande ; on estime à 60 000 le nombre de visites aux bordels légaux dans le Victoria chaque semaine, pour une dépense moyenne de 7 millions de dollars. En 1983, il y avait 149 bordels connus dans cet état ; la police l’estime aujourd’hui à 95 légaux et 400 illégaux. Le nombre d’agences d’escorte est également en augmentation, on estime à 5000 le nombre de femmes y travaillant.
Selon l’association australienne PCV, un des pires aspects de la prostitution en bordel était la violence des clients (1999). Les femmes prostituées ont également constaté après la légalisation un comportement de plus en plus audacieux des hommes à leur égard.
Les bordels légalisés encouragent le tourisme sexuel. Amsterdam est ainsi la capitale de ce tourisme en Europe.
- L’aide aux personnes prostituées
Globalement, on estime que les criminels s’arrangent pour garder les prostituées hors du secteur légal, le gain financier étant plus conséquent. Cet éclatement des activités pose des problèmes pour l’application de la loi mais aussi pour fournir aux personnes prostituées aide médicale et services de travail social.
La normalisation conduit également à la réduction des services d’aide offerts aux personnes prostituées dans la mesure où les propriétaires de bordels ont tendance à les restreindre.
De plus, une enquête de 1990 de l’Institut Australien de Criminologie révélait que les femmes prostituées étaient sujettes dans les bordels légaux à un système d’amendes (que ce soit pour un retard ou des jambes non épilées...) et que les opérateurs prélevaient plus de 60 % des sommes versées par les clients.
- La sortie de prostitution
Le rapport australien montre que, malgré les promesses des municipalités, les stratégies promises d’aide à la sortie de prostitution n’ont pas vu le jour. Une recherche néerlandaise conclut en 2003 à une forte demande pour de tels programmes aux Pays-Bas : des prostituées des Pays-Bas souhaiteraient des programmes leur permettant de quitter la prostitution.
On peut penser que plus la légitimité de l’industrie avance, moins il existe de soutien pour les programmes permettant de quitter la prostitution. Il est clair en outre que bien peu de ces services sont proposés aux femmes hors rue, bien que deux tiers soient dans l’illégalité et que l’on sache qu’elles y vivent toujours sous contrainte.
Pour celles et ceux qui souhaitent poser un regard éclairé sur la situation: le rapport d'évaluation de la loi suédoise  que j'ai trouvé sur le très documenté blog de Lora et le texte en entier (dont est issu l'extrait ci-dessus) concernant le bilan de la légalisation.

31 commentaires:

  1. Il est évident que la légalisation crée le marché, un marché : comme tout marché, il a tendance à croitre quand il y a des clients, donc l'offre augmente, la concurrence aussi, plus il y a de concurrence, plus les prix doivent baisser au détriment des acteurs du marché ; cela induit une baisse des coûts de production par tous moyens : abattage, illégaux moins chers, et arrivée du crime qui investit son argent soit en le blanchissant, soit en voyant des profits à se faire ! Une stricte analyse économique condamne ce trafic de chair humaine ! Sauf à considérer que tout est marchandise et donc est à vendre.

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  2. Ce rapport est vraiment accablant. Ben oui, c'est sûr que la municipalité va innvestir dans la philanthropie en offrant le luxueux service de contrôler les agissements des proxos rebaptisés"employeurs", à l'égard des prostituées ! Surtout si les maires se font graisser la patte pour se taire. En légalisant la prostitution on n'a pas "intégrer" les prostituées dans un système "clean", on a juste réussi le tour de force de faire entrer le système lui-même dans la mafia qui entoure la prostitution. Les maires sont payés pour se taire en attendant d'organiser eux-même le trafic quand ce n'est pas déjà fait. Sauf que toute cette horreur n'est plus considérée comme mafieuse, ne doit plus porter ce nom. Elle s'appelle "légale" maintenant. Tout est dans le mot "légal". il suffit de changer les mots sans changer les choses ou en les renforcant, plutôt.

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  3. Sur le net, il y a autant d'arguments pour que d'arguments contre la légalisation, de preuves pour que de preuves contre, de part et d'autre. Qui croire?

    Il reste pour moi un principe intangible: je fais ce que je veux de mon corps. Si j'ai envie de le louer, je le loue et ceux qui m'en empêchent sont des ennemis de ma liberté. Alors interdisez la consommation de prostituées féminines si vous voulez, parce que les femmes prostituées seraient, d'après ce que vous dites, d'éternelles mineures ou esclaves, incapables de décider par elles-mêmes mais je dénie à quiconque le droit de me dicter ce que je dois faire de mon corps. Prétendre vouloir faire le bien des gens contre leur gré, c'est prendre ni plus ni moins le chemin du totalitarisme et de l'ordre moral.

    Le hic, c'est que l'on peut donc soupçonner le gouvernement suédois d'avoir manipulé les chiffres en sa faveur et d'avoir d'autant plus orienté le rapport que la prostitution est forcément devenue invisible en Suède (mais n'était-ce pas le but recherché? )

    Pour trouver les vrais chiffres de la clandestinité, on peut toujours courir... Ah, si on pouvait résoudre les problèmes liés à la prostitution d'une simple loi! Répressive en plus car la répression, c'est tellement moins compliqué: ça permet de ne pas trop réfléchir. Mais la pénalisation des consommateurs, on a bien essayé avec la drogue...

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  4. Je me tue à le dire mais ils insistent....la femme est-elle une substance qu'il faille la comparer à la drogue et à l'alcool ? que des hommes préfèrent se droguer au sexe ou s'alcooliser plutôt que d'aller voir un psy (parce qu'il faut quand même en tenir une couche pour monnayer des "services" sexuels !). c'est une chose mais cela ne fait pas pour autant de la femme une substance alors arrêtez avec ce grand classique de la comparaison avec la "prohibition"! C'est stupide et pas du tout original.
    Ensuite, on se fiche des pourcentages de qui quoi croit et les chiffres ne sont pas là pour expliquer le monde du matin au soir (sauf que c'est encore une idée masculine de tout convertir en chiffres comme si les hommes avec une calculatrice à la place du cerveau).

    Alors vous faites peut-être ce que vous voulez de votre corps mais qui cela intéresse ? Une chose est certaine c'est que vous semblez surtout vouloir faire ce que vous voulez du corps des autres et principalement des femmes et cela contre de l'argent même si c'est dégueulasse, ce que vous niez bien sûr de toutes vos forces.

    si ce n'était pas le cas vous ne squatteriez pas ce blog pour chercher par tous les moyens le levier qui va faire basculer l'argumentation abolitionniste dans le fossé.
    Ce que visblement vous ne captez pas c'est que vous vous démasquez vous-même avec votre baratin !

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  5. Vous savez quoi ? Quand on est une femme et qu'on n'a pas d'emploi, et ça arrive aussi avec un chapelet de diplômes, y en a juste marre que la moitié des annonces du journal local soient pour des "hôtesses débutantes acceptées gains rapides". Sans parler de certaines offres d'hébergement par des particuliers.

    Y en a marre des sites qui proposent de louer des petites amies pour se faire de la pub.

    Y en a marre que des voitures ralentissent quand on se promène en ville alors qu'on a rien demandé.

    Y en a marre que des mecs nous demandent si on veut pas leur rendre service alors qu'en fait ils veulent coucher.

    Y en a marre de voir les vieux pruneaux façon Caubère s'écrier "qu'est-ce qu'on nous donne à la place" (moi de toute façon même si je voulais, je pourrais pas payer alors quand j'ai personne, c'est ceinture).

    Bref, y en a marre que ces types qui veulent avoir tout le monde à leur service se paient notre tête en plus de se payer des passes. Et l'histoire de la drogue, ça me fait bien rire : s'ils arrêtent ils ne feront pas de teurk.

    Alors l'ordre moral, je m'assois dessus. Je veux faire ce que je veux de mon corps aussi.

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  6. @ Hypathie

    Ca paraît pourtant évident que la mise sur le marché du sexe des femmes conduira à ce que l'on rencontre pour d'autres "produits". Je pense notamment à la culture qui souffre à la fois des effets du libéralisme et de l'impérialisme américain et d'un nivellement par le bas pour se conformer aux goûts d'un public le plus large possible. Sauf que dans la prostitution, les goûts des clients tendent à plus de violence et surtout on a affaire à des êtres humains et non des livres ou des pièces de théatre. A ce sujet, je ne sais pas si j'en ai déjà parlé mais Attac a publié un petit livre vraiment bien fait sur la prostitution et sa mondialisation. De plus, il ne coûte que 3 euros.

    http://www.france.attac.org/archives/spip.php?article9005

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  7. @ avapierre

    Cet article n'est pas un argumentaire, c'est un bilan objectif. Or, à ma connaissance, il n'en existe pas qui rapporte que la légalisation est un système bénéfique. Si vous m'en trouvez un, je veux bien en discuter ...

    @ Eice

    Beau coup de gueule ! C'est vrai: y en a marre. Par contre, je ne comprends pas votre dernière phrase qui semble contredire le reste. Ou alors j'ai pas bien compris !

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  8. @ Eice

    « Alors l'ordre moral, je m'assois dessus. Je veux faire ce que je veux de mon corps aussi. »

    Mais je suis entièrement d'accord avec vous.

    @ Euterpe

    Admettons qu'on ne puisse pas comparer ni raisonner sur ce qui a déjà été fait, que c'est une situation unique, j'ai finalement hâte de voir ce que pourrait donner ce projet de loi dans un pays comme la France, si ça améliorerait vraiment la condition de la femme et si ça irait mieux en général... Pourquoi ne pas tenter l'expérience après tout? Ce n'est pas parce que je n'y crois absolument pas que je ne veux pas que ça se fasse, au contraire.

    Contrairement à ce que vous pensez, je n'ai jamais - je dis bien jamais et j'ai un certain âge - eu recours aux services d'une prostituée. Mais je vais peut-être finir par m'y intéresser puisque j'ai tendance à être attiré par ce qu'on m'interdit de faire. Je ne défends pas la prostitution mais la liberté individuelle, plus précisément l'autonomie, à supposer que cette notion ait encore un sens dans le contexte actuel.

    "Alors vous faites peut-être ce que vous voulez de votre corps mais qui cela intéresse ? "

    Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce peut être le cas. Et même si ce ne l'était pas, je tiens à garder cette possibilité.

    Je ne squatte pas ce blog et j'estime que je ne dis pas n'importe quoi. J'aime échanger des idées, c'est tout. Ce que je ne supporte pas, c'est que l'on me dise ce que je dois faire de mon corps, tant que je respecte les autres. Mais ce que je voudrais avant tout, c'est que vous vous intéressiez plus à la prévention qu'à la répression, aux causes qu'aux symptômes.

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  9. A Eice :

    „« Alors l'ordre moral, je m'assois dessus. Je veux faire ce que je veux de mon corps aussi. »

    Qui défend donc à qui que ce soit de faire „ce qu'il veut“ de son corps ?
    Juste une question : que faites-vous si vous observez près de vous quelqu'un qui, par exemple, se shoote avec des substances dangereuses coupées on ne sait comment avec des seringues infectées, dont la santé se dégrade et qui a augmenté son risque de mourir d'une overdose, de 80 % ?
    Vous vous dites „elle fait ce qu'elle veut de son corps“ ou bien vous vous dites „si je ne fais rien cela s'appelle de la non-assistance à personne en danger“ ?
    Maintenant si cela vous inspire la première réponse, alors imaginez qu'il s'agisse de votre soeur, de votre fille, de votre meilleure amie.
    C'est cela avoir une attitude humaine.
    Aujourd'hui il paraît que la liberté et l'humanité sont deux notions contradictoires.

    A avapierre : vous voulez „essayer parce qu'on vous interdit“. Et à part ca vous dites que vous n'êtes plus tout jeune ? Quel attitude immature de vouloir faire quelque chose uniquement parce qu'on vous l'interdit ! Le fait que les prostituées ne soient pas des hochets qu'on secoue pour s'amuser, cela n'a toujours pas l'air de vous effleurer. Humm miam miam la bonne fefemme que je me la manmange comme la bouillie de bébé ! Mais enfin, c'est pitoyable ! Et vous vous voulez en plus qu'on vous respecte ?

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  10. @ avapierre

    La liberté dans une société n'est jamais totale et, en matière de corps, vous ne pouvez pas exemple, vous ballader à poil dans l'espace public. Vous nous faites une petite manif pour réclamer la liberté de vous exhiber quand ça vous chante ?
    La liberté a ses limites et d'autant plus quand elle met un groupe social en danger.
    On n'a cessé de le répeter mais 90% des prostituées souhaiteraient en sortir: en légalisant, c'est cette liberté que l'on bafouerait. C'est cette liberté que l'on bafoue dans les pays légalisateurs (voir le dernier paragraphe du billet). De toutes façons depuis le début vous vous foutez bien pas mal que des femmes souffrent dans ce système et le disent, tout ce que vous voyez c'est la liberté; une liberté que vous ne défendez curieusement pour les femmes que quand il s'agit de vos intérêts de mâle dominant. Je ne vous ai jamais vu intervenir pour défendre la liberté menacée à avorter ou celle de sortir la nuit sans risquer d'être violée par exemple. Typique comme les hommes, qui font tout justement pour que les femmes aient le moins de liberté possible, montent au créneau pour défendre la liberté des femmes d'être à disposition des hommes. Etrange quand même, non ?

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  11. @ Euterpe

    Là, c'est vous qui faites un rapprochement avec la drogue...

    On ne peut pas faire le bien des gens contre leur gré. Ou alors c'est la dictature. Combien de personnes les régimes totalitaires ont-ils fait passer pour folles, irresponsables ou dangereuses pour la société?
    C'est pourquoi, il est si difficile d'aider les junkies malgré eux. On se contente de leur fournir des seringues propres pour limiter les dégâts.

    @ Héloïse

    Si ma fille (majeure) me dit un jour qu'elle veut se prostituer, je lui répondrai que, à rémunération égale - si c'est une question de rémunération - je préférerais qu'elle exerce une autre activité mais en aucun cas je l'en empêcherai par la coercition. Sa liberté, avant tout.

    Se balader à poil, quel intérêt? Le froid, l'esthétique, l'érotisme, des érections intempestives... Et puis les strip-teaseuses perdraient leur travail... Concédons cela à l'arbitraire, à la morale chrétienne et surtout à la vie privée. Il y a tellement longtemps que c'est interdit en public mais la prostitution ne l'est pas, interdite. Ce qui gêne, c'est le racolage visible, assimilable à de l'exhibitionnisme. En gros, c'est l'objectif inavoué de ce projet de loi, nettoyer les villes.

    Non, je ne me fous pas du tout qu'il y ait des femmes qui souffrent de ce système, au contraire, mais de façon étrange, on ne s'attaque pas aux proxénètes qui représentent le principal problème de la prostitution. Y aurait-il des liens entre les politiques et le proxénétisme? Je me souviens d'un certain conseiller qui avait été pris en compagnie d'une mineure roumaine... A-t-il été condamné? De toute façon, en haut lieu et en toute hypocrisie, on se paiera toujours des call-girls. Le patriarcat a la vie dure.

    D'ailleurs, vous ne dénoncez que ses épiphénomènes. Vous ne remettez pas en cause les fondements de la domination masculine. Vous vous limitez à la protestation ou aux manifs. C'est ce que je déplore. Bien sûr que vous devriez avoir le droit de sortir la nuit sans risquer d'être violées. Je connais des pays où ce risque est beaucoup moins important qu'en France. La pénalisation des prostitueurs ne changera pas grand chose à l'ordre établi. Beaucoup de bruit pour rien, très probablement. Et puis, en dehors de toute autre considération, le fait que ça vienne de l'UMP...

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  12. @ avapierre

    - vous dissuaderiez quand même votre fille de se prostituer. Pourquoi ? cest pourtant un métier comme un autre selon vos dires ...
    Et si elle veut se jeter d'un pont, vous ne l'empêcherez pas sous prétexte qu'il s'agit de sa liberté ?

    - je ne vous parlais pas de l'intérêt de se promener à poil mais de son interdiction. L'interdiction est inhérente à toutes les sociétés pour permettre le vivre-ensemble. La liberté totale n'existe pas et finit où commence celle des autres, celle par exmple de pouvoir être dans l'espace public sans avoir à subir l'anatomie de ceux qui l'exhibent. Pour la prostitution, c'est pareil, la liberté des rares nymphomanes ne passe pas devant celle de toutes les autres qui veulent conserver/retrouver une sexualité libre et non contractuelle.

    - le principal problème de la prostitution n'est pas le proxénète mais le client prostitueur. Les proxénètes profitent juste de la manne financière qu'elle représente.

    - je ne remets pas en cause la domination masculine !!! Ca, c'est la meilleure de la journée ! Pour moi, la domination masculine est inhérente à tout ce qui m'entoure et jusque dans les moindres recoins où elle se terre. C'est un système et la prostitution en fait partie au même titre que la pornographie, que l'exploitation domestique ou la langue.

    - ce projet de loi ne vient pas de l'UMP mais d'une députée PS, Danielle Bousquet. Et il est soutenu par les mouvements d'extrême-gauche, libertaires et altermondialistes. Son application sera peut-être de la responsabilité du gouvernement actuel (et c'est ça qui nous inquiète le plus) mais, idéologiquement parlant, l'abolitionnisme est plutôt à gauche contrairement au règlementarisme qui est plutôt à droite du fait de ses positions libéralistes.

    Au fait, toujours pas d'étude/rapport/bilan positif de la légalisation ? J'attends, ne vous inquiétez pas ...

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  13. A avapierre : mon parallèle n'est pas du tout le même que le vôtre. Ici la femme N'EST pas la drogue. La femme est celle qui est en danger de mort. Vous n'êtes guère subtil pour ne pas distinguer la différence !
    Et parmi vos fameuses gens à qui "on ne peut faire le bien contre leur gré" (on dirait la devise de Ponce Pilate), il y en a une majorité qui espère qu'on leur tende la main !
    Pour ma part j'ai sorti sans beaucoup d'efforts une copine prisonnière de l'addiction et en danger de mort. Elle attendait juste qu'une âme lui dise "vis!". Cette expérience ne risque pas de vous arriver.

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  14. Bonjour,

    pour documenter le bilan de la légalisation de la prostitution en Allemagne, voici une traduction des recommandations du Bundesrat, votées et publiées ces derniers mois, 9 ans après la mise en application de la "Prostitutionsgesetzt".

    http://caloupile.blogspot.com/2011/04/une-plus-forte-reglementation-de.html

    Aucun parti allemand ne dénonce cette loi. En toute logique ces propositions ne la remettent donc en cause. Il s'agit de la "compléter" afin de corriger "quelques" effets non attendus:
    - non-accès de la majorité des personnes prostituées à leurs droits. (soit qu'elles n'en sont pas informés _ il semblerait que les "entrepreneurs du sexe" n'aient pas (certains disent "pas encore"!) une "éthique" d'entreprise responsable...; soit qu'elles soient étrangère en situation irrégulière)
    - difficultés à trouver un travail hors du milieu prostitutionnel pour celles qui le souhaitent
    - pratique "commerciale" extrémement violente qui choque une partie de l'opinion (pourtant anesthésié depuis qu'on lui a dit qu'avec la loi tout va bien): les bordel en "libre accès" (sur le principe d'un abonnement téléphonique illimité, ou d'un buffet au restaurant...); publication de tarif pour des relations non protégées...

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  15. et pour réfléchir sur la prostitution et la libération sexuelle:

    http://www.pourunesocietesansprostitution.org/Rhea-Jean-philosophe

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  16. A phig : ces recommandations telles que je les ai lues donnent fortement à penser qu'ils cherchent une voie pour faire marche arrière et trouver assez d'infractions pour faire fermer ces saloperies.
    Du moins j'espère ;)

    A avapierre encore : oui, en effet, comme le demande Héloise pourquoi voulez-vous donc dissuader votre fille dans son choix super libre ? Peut-être va t-elle se distinguer particulièrement dans cette branche, surpasser ses collègues par son rendement hors norme, témoigner d'un engagement exemplaire et peut-être obtiendra t-elle même la légion d'honneur après être parvenue à exécuter trois fellations en même temps tout en se faisant sodomisée par cinq mecs à la fois et en branlant avec trois orteils un 9e quidam ! Vous ne pensez guère à la gloire de votre progéniture ! Ce n'est pas généreux de votre part ! Alors que sa gloire rejaillira automatiquement sur vous, le père.
    Il est temps que l'on instaure une médaille du travail pour les prostitutées les plus méritantes et surtout une prime au rendement. Ce serait la moindre des choses, non ? Ls la légalisation c'est pas tout ca mais il faut aussi militer pour la reconnaissance professionnelle, envisager des concours, de la formation continue, etc..
    Comment avapierre ! Vous avez si peu le souci de l'avenir de votre fille que vous la dissuaderiez d'exercer une profession aussi brillante ? Vous n'êtes pas sérieux !

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  17. @ phig

    Oui, les "quelques" effets non attendus ...
    Et le problème, c'est qu'en France on les connait ces "quelques" menus effets (j'en aurais rajouté bien d'autres comme les dommages sur les rapports femmes/hommes) mais qu'on s'en fout. La liberté avant tout et encore, ça dépend de la liberté de qui ou de quoi: primo la liberté des hommes puis la liberté des femmes à se faire exploiter par les hommes (ce qui revient finalement au même ...).

    Je découvre votre blog vraiment très fourni. Hop! dans mes liens !

    @ Euterpe

    Merci encore pour tes interventions !

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  18. Je suis contente que tu apprécies ! Si j'étais chez proxette et sa copine crêpe-suce-boulettes comme tu dis il ya longtemps que je me serais fait traitée d'affreuse troll qui ferait mieux de dégager plutôt que d'agresser les pôv' messieurs tout zentis qui ne demandaient innnocemment qu'à comprendre des trucs trop durs !
    En tout cas, on l'a sonné, je crois, le gars. Ou alors il est en train de se casser à mort la tête pour savoir comment rebondir.

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  19. Je suis en vacances à 10000 km de chez moi...

    @ Euterpe

    Je veux simplement dire qu'il est difficile de ne pas tenir compte du jugement social même s'il est injustifié. La prostitution est considérée avec mépris dans les sociétés modernes (alors qu'autrefois divers cas de prostitution sacrée paraissaient très honorables). Il y a des tas de sales boulots autres que la prostitution mais ils ne suscitent pas autant de condamnations morales.
    On peut caricaturer n'importe quelle activité comme vous le faites avec la prostitution (argumentum ad odium). Je pourrais vous dresser un tableau similaire de l'enseignement dans les collèges, par exemple.
    Toutefois si, dans votre évocation, on met un homme hétérosexuel à la place d'une femme, ça ne produit pas le même effet. Même dans le cas d'un homme homosexuel, c'est différent.

    @ Héloïse

    La prostitution n'est pas un boulot comme un autre pour moi. Mais elle est presque toujours un « sale boulot » comme tous les autres sales boulots et dieu sait qu'il y en a. Seulement, la plupart des « sales boulots » sont mal rémunérés. Les employés de Tepco qui sont intervenus dans la centrale de Fukushima après l'accident nucléaire n'ont reçu qu'une prime de 15 euros par jour bien qu'ils soient voués à une mort prochaine.
    Des robes de mariées ou de soirées que les jeunes filles et femmes occidentales portent peuvent avoir été fabriquées par des petites mains de fillettes payées 18 € la semaine au Honduras. Faut-il interdire la vente de robes de mariées?
     Dans les camps de chercheurs d'or, dans les forêts du Pérou et du Brésil, les enfants doivent faire la cuisine pour ces aventuriers, subissent leurs brutalités et leurs violences sexuelles, et sont parfois abattus s'ils tentent de s'évader. Faut-il interdire le commerce de l'or?
    Il me paraît donc nécessaire de faire la différence entre prostitution esclavage et prostitution « choisie ».

    « - je ne remets pas en cause la domination masculine !!! Ca, c'est la meilleure de la journée ! Pour moi, la domination masculine est inhérente à tout ce qui m'entoure et jusque dans les moindres recoins où elle se terre. »

    C'est pourquoi, on ne peut pas la faire disparaître par un traitement symptomatique, par ce genre d'interdictions. Pour moi, vous êtes des féministes réformistes. Vous tentez de rendre à peu près supportable le patriarcat en l'aménageant, en gommant les aspérités les plus visibles. Par conséquent, vous contribuez à sa pérennité et à sa naturalisation. Vous ne remettez en cause ni la binarité sexuelle ni l'assignation de genre, les fondements du patriarcat.

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  20. @ avapierre

    "Des robes de mariées ou de soirées que les jeunes filles et femmes occidentales portent peuvent avoir été fabriquées par des petites mains de fillettes payées 18 € la semaine au Honduras. Faut-il interdire la vente de robes de mariées?"

    Et faut-il pour autant l'institutionnaliser ou l'officialiser ? Vous aussi êtes un réformiste mais de l'exploitation et de la misère.

    Quant à votre remarque sur notre démarche, je pense que vous connaissez mal le mouvement radical qui est universaliste. La prostitution fait partie des trois grands fondements du patriarcat: la subordination sexuelle, domestique et maternelle ... ce n'est en aucun cas une aspérité, comme vous dites, mais bien l'une de ses expressions. La combattre ne nous empêche pas, puisqu'il s'agit d'un système, de dénoncer l'assignation des genres et l'éducation genrée ainsi que la binarité sexuelle (vous croyez qu'on se bat pour la suppression de la mention du sexe sur les formulaires pour le fun ?)qui sont à la base de la dyssimétrie de genre que l'on observe dans la prostitution.

    Franchement, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas et surtout vous jugez sans être directement concerné ni même impliqué dans la lutte. Faites le tour de nos blogs avant d'avancer des idioties.

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  21. "Et faut-il pour autant l'institutionnaliser ou l'officialiser ? Vous aussi êtes un réformiste mais de l'exploitation et de la misère."

    Ni institutionnaliser, ni officialiser. Il s'agit d'interdire le travail forcé, l'exploitation et l'esclavage.


    « Franchement, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas et surtout vous jugez sans être directement concerné ni même impliqué dans la lutte. Faites le tour de nos blogs avant d'avancer des idioties. »

    Mea culpa: je n'ai pas tout lu... Il me semble en tout cas que ce n'est pas mis en avant. A mes yeux, vous vous focalisez sur la pénalisation des clients dans un registre polémique et culpabilisant qui ne fait que raviver ce qu'on pourrait appeler « la guerre des sexes ». Ce projet de loi, c'est pour moi l'arbre qui cache la forêt...

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  22. Ah voilà le résultat de la cogitation : vous avez trouvé les slogans qui doivent frapper fort les esprits faibles sans doute : "guerre des sexes" et 'arbre qui cache la forêt".
    Seulement voilà que vous mettez dans le même sac les bitards qui veulent s'acheter de la femme comme on s'achète de la viande sous vide au supermarché et la majorité de la gente masculine qui justement ne le fait pas. Ces derniers vont beaucoup apprécié l'amalgame, je pense.
    S'il y a une guerre quelque part c'est entre deux sortes d'humains ; ceux qui ont le respect de l'humanité et les salopards dont vous avez choisi le camp et dont vous faites ostensiblement partie. Pour que vous les défendiez becs et ongles et sans relâche, vous devez avoir un furieux intérêt à le faire ! Alors pour quelqu'un qui ne se focalise pas, comme nous serions censées le faire, vous êtes bien insistant à venir faire le moralisateur sur ce blog jour après jour !
    Campé vous êtes comme l'arbre en avant-poste du bosquet. Le bosquet de ces clients de prostitutés que vous voulez nous faire prendre pour une forêt.
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  23. J'aimerais encore ajouté ceci à Mr idéfix & avis de pierre,

    quand vous vous permettez d'écrire :

    "Mea culpa: je n'ai pas tout lu... Il me semble en tout cas que"

    Voilà bien une preuve de votre irrespect caractérisé.
    (Avec le "Mea culpa" ironique, en plus !).
    La moindre des choses que vous auriez à faire avant de vous paraphraser vous-même stérilement ici, c'est de lire attentivement ce que l'on vous suggère de lire et puis une fois cela fait si votre mirifique avis a encore une valeur quelconque, alors seulement de l'exprimer !

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  24. @ Euterpe

    Ne vous inquiétez pas: je ne vais plus vous embêter très longtemps. Surtout si vous m'opposez de l'agressivité, des procès d'intention et de la mauvaise foi systématique. Je vais vous laisser entre vous, sans contradicteur ou plutôt objecteur. (Bon débarras, me direz-vous).
    Si je défends quelqu'un, ce sont les prostitué/e/s qui exercent leur activité librement. Et en ce qui concerne la consommation de prostituées, cela ne m'intéresse pas, je le répète. Je veux simplement garder le droit de me prostituer même si, pour x raisons, je ne le ferai jamais.
    Nous verrons bien si l'abolitionnisme triomphe (ce qui m'étonnerait, vu les réactions que je peux lire un peu partout, même venant de femmes, mais je peux me tromper), dans quelles conditions et quelles en seront répercussions. Je suis d'ailleurs curieux de voir ce que ça donnerait donc favorable à une telle expérimentation.
    En tout cas, je suis prêt à parier qu'en haut lieu, les consommateurs d'escort et de call-girls ne changeront pas leurs habitudes. Ils seront un peu plus discrets, c'est tout.

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  25. @ Euterpe

    Abolir l'assignation de genre me paraît plus important que pénaliser les clients de prostitué/e/s. Quand on aura supprimé la première, la prostitution posera moins de problèmes selon moi. Pénaliser les clients, pourquoi pas, mais tout en rappelant systématiquement la nécessite d'abolir l'assignation de genre. Finalement, tout ce que je vous reproche, c'est de mettre la charrue avant les bœufs ou de n'utiliser que la charrue(encore une formule choc...).

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  26. @ avapierre

    - "Ni institutionnaliser, ni officialiser. Il s'agit d'interdire le travail forcé, l'exploitation et l'esclavage."

    C'est exactement ce que nous prônons et qu'apparemment vous prônez également, donc ! A moins de considérer que l'on n'a pas à interdire à une personne de travailler dans des conditions indécentes sous prétexte que ça attente à sa liberté. Une exploitée de travail à la chaîne en Chine vous dira probablement qu'elle préfère travailler dans ces conditions que d'être à la rue. La prostitution, de la même façon, est un pis aller économique (doublé d'un dressage à coups d'abus sexuels) et il est criminel de l'institutionnaliser.

    - l'arbre qui cache la forêt

    Oui, décidément vous allez bientôt être un féministe de première classe ! Bien sûr que la prostitution est l'arbre qui cache la forêt du patriarcat (on se tue à le répeter !) et il n'y a rien d'étonnant à entendre de gros machos comme Caubère ou Zemmour la défendre au nom de la virilité et des droits masculins.

    - on ne se focalise pas, on se bat comme pour toutes les autres formes d'oppression. Aucune ne doit être laissée de côté car elles participent toutes du système d'exclusion/discrimination/oppression de la classe des femmes.

    - guerre des sexes: ne retournez pas l'affaire, s'il-vous-plaît, ce sont les femmes qui sont violentées et subordonnées dans la prostitution. La guerre ce ne sont pas les femmes ou les féministes qui l'ont déclarée que je sache, elles se défendent juste contre des attaques et des entraves qui n'ont que trop duré. Quand je regarde la société, je vois juste une hostilité masculine et injustifiée envers les femmes, hostilité qui va de la résistance à ce que les femmes accèdent à la vie publique au meurtre ou au viol, en passant par l'exploitation domestique ou le rabaissement au rang d'objet. Et ça ne s'appelle pas de la victimisation mais de la LUCIDITE. Le sang, ce ne sont pas les femmes qui l'ont sur les mains pas plus qu'elles n'ont sur la conscience la souffrance de leur prochain.

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  27. @ avapierre

    Je n'avais pas vu votre dernière intervention:

    "Abolir l'assignation de genre me paraît plus important que pénaliser les clients de prostitué/e/s. Quand on aura supprimé la première, la prostitution posera moins de problèmes selon moi."

    C'est comme si vous disiez qu'il faut abolir le racisme et les stéréotypes raciaux avant d'en punir ses manifestations. Punir l'insulte raciste a eu quand même pour effet de bien calmer les esprits et de réveiller les consciences, me semble-t-il.

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  28. Commentaire de Mauvaise Herbe

    @Héloïse

    Dans le même esprit on peut même carrément dire que ce fut une erreur d'abolir l'esclavage avant de résoudre le racisme culturel de la société américaine (on peut prolonger avec l'apartheid, la colonisation etc). Vraiment quelle inconséquence!

    La prostitution est de mon point de vue, bien plus qu'une conséquence des assignations de genre utiles au bon maintien du patriarcat, elle en est une des principales causes. Et je citerai Rhéa Jean :

    "Il faut donc qu’il y ait asymétrie dans la conception de la sexualité selon les genres pour que seule l’activité sexuelle de la femme apparaisse comme un « travail ».

    Ceci étant dit bravo à toi et Euterpe pour votre patience et votre pédagogie, pour ma part les boucles éculées et obstinées de l'intervenant "avapierre" ont depuis longtemps épuisé ce qu'il me reste d'indulgence sur le sujet.

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  29. @ Mauvaise Herbe

    Carrément ! On peut décliner cette vision malsaine à l'envi: éduquer les hommes avant de punir la violence conjugale, généraliser l'éducation au respect avant de condamner pénalement le viol, etc.

    Pour ce qui est de la place de la prostitution dans le système patriarcal, je dirais qu'elle est à la fois cause et conséquence puisqu'en existant elle renforce l'idée que "seule l'activité sexuelle de la femme apparaisse comme un 'travail'". Un beau cercle vicieux ...

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  30. A mauvaise herbe : ne m'applaudis pas moi : il n'y a qu'Héloise pour être patiente. Moi je fendrai bien le crâne d'avapierre d'un coup de clé à molette mais qu'est-ce que tu veux....il paraît que c'est interdit... Dommage ! ;)

    Pour les passants-par-hasard-par-là-qui-ont-vu-de-la-lumière, je précise que c'est de l'humour)

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  31. @ Euterpe

    Pourquoi tant d'agressivité?
    Je suis d'accord avec vous pour tenter l'expérience de la pénalisation des clients de prostituées, je précise bien, de prostituéEs.

    Mais l'affaire DSK nous ramène au coeur du problème, il me semble. Voilà un homme puissant, intelligent et riche qui peut se payer les plus belles call-girls de New York mais qui s'amuse à violer une femme de chambre. N'est-ce pas à la notion même de masculinité et par voie de conséquence à l'assignation de genre qu'il faut s'attaquer? Ne croyez-vous pas que, pénalisation ou pas, le comportement de ce genre d'individus perdurera? C'est ce que j'essaie de vous faire comprendre. J'admets qu'il est justifié de prendre des mesures symboliques comme la pénalisation des clients (dont des personnages comme DSK se moquent éperdument) mais EN MEME TEMPS, c'est l'occasion de rappeler AVEC INSISTANCE qu'il est urgent d'abolir le dogme de la binarité sexuelle et l'assignation de genre.

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