C'est quoi l'abolitionnisme ?




L'ABOLITIONNISME est un mouvement apolitique et féministe qui propose de lutter contre le phénomène prostitutionnel de la manière suivante:

- Accompagner, être aux côtés des personnes prostituées

- Leur proposer une alternative à la prostitution

- Responsabiliser voire pénaliser les clients-prostituteurs

- Réprimer réellement les proxénètes

- Mettre en place des mesures de prévention et d'éducation

lundi 25 avril 2011

Ce que vous ne lirez JAMAIS dans la presse

Parmi les nombreux mais invisibles témoignages de prostituées, il y a celui de Stéphanie qui se bat pour que sa parole, celle de ses soeurs de galère, soit reconnue et entendue:



J’aimerais débuter avec une citation tirée d’un livre qui m’a profondément marquée et qui, je suis certaine, est connu de toutes et de tous. Ce livre est Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée [1].
J’observe les autres filles. Presque toutes des gosses, comme moi. Je vois qu’elles sont bien malheureuses. Surtout les toxicos qui doivent se prostituer pour pouvoir se piquer. Je lis le dégoût sur leur visage chaque fois qu’un micheton les touche, et pourtant elles se forcent à sourire. Je les méprise ces types qui se coulent lâchement dans la foule de ce hall de gare, cherchant de la chair fraîche du coin de leur œil allumé. Des idiots ou des pervers, sûrement. Quel plaisir peuvent-ils éprouver à se pieuter avec une fille totalement inconnue, que visiblement ça dégoûte, et dont il est impossible de ne pas voir la détresse.
Il n’existe malheureusement pas de terme spécifique pour les hommes qui achètent des "services sexuels". L’utilisation généralisée du terme d’apparence neutre de "clients" contribue à renforcer l’invisibilité et l’impunité accordée aux hommes qui se donnent le droit d’acheter le corps des femmes. Ce terme banalise également les rapports de pouvoir qui sont au cœur de la prostitution et la double hiérarchie sociale qui en découle : la domination des hommes sur les femmes (l’assujettissement des femmes aux hommes) et celle des classes riches sur les classes pauvres. C’est pourquoi plusieurs groupes abolitionnistes dont, vous l’aurez deviné, la CLES, utilisent le terme plus juste de "prostitueur" ou "client-prostitueur" qui met en lumière le rôle de ces hommes dans le maintien de cette institution patriarcale.
Les notions de "consentement" et de "choix" individuel ont été récupérées par le puissant lobby des "travailleurs du sexe" qui revendique au nom de la liberté sexuelle le "choix" que feraient certaines femmes d’entrer dans le système prostitutionnel. Si certaines femmes font effectivement le "choix" d’entrer dans le système prostitutionnel, ce choix n’est pas lié à leur liberté sexuelle, mais plutôt à des besoins d’ordre économique (qui sont souvent influencés par la société de consommation, capitalisme oblige, dans laquelle nous vivons).
La prostitution n’est pas une question de choix individuel ou de liberté sexuelle, mais bien une question sociale puisqu’elle concerne l’ensemble des femmes qui deviennent dès lors potentiellement toutes des objets sexuels, des produits, des marchandises, que l’on peut acheter, vendre ou louer. La prostitution ne peut par conséquent être réformée dans le but d’améliorer les conditions de sa pratique.
Le lobby des "travailleurs du sexe" ne fait certes pas la publicité du fait que celui qui a le choix dans ce marché est le client-prostitueur, car c’est lui qui décide et impose ses désirs et fantasmes en "achetant" le consentement des femmes (l’argent a cette faculté magique). Les femmes n’entrent pas dans la prostitution par "choix", mais plutôt par manque de choix. Elles méritent de véritables choix et non pas ceux que leur imposent, par exemple, l’industrie du sexe d’avoir à choisir entre le bordel, la pornographie, la rue, les agences, les salons de massage ou les clubs de danseuses.
Je suis franchement écœurée et dégoûtée d’entendre dire que la prostitution est un choix libre et rationnel, voire une alternative économique souhaitable. Je ne pensais jamais faire ce que j’appelle mon "coming out" (c’est-à-dire, dire publiquement que j’ai "travaillé" dans cette violente et vorace institution patriarcale qu’est l’industrie du sexe) et ça été une décision très difficile parce que je l’ai caché pendant si longtemps.
J’en ai tout simplement marre (et je suis vraiment frustrée, car je n’en crois pas mes oreilles) de ces intellectuelles et de tous ces groupes pro "travail du sexe" qui parlent en mon nom, et au nom de toutes celles qui font ou ont fait partie de cette industrie, pour vanter les mérites du "travail du sexe" et expliquer que ce n’est pas la prostitution qui est un problème, mais les conditions dans lesquelles elle est pratiquée et ces supposés quelques (comprendre peu nombreux) "mauvais clients".
Les groupes pro "travail du sexe" s’improvisent porte-parole de toutes les femmes exploitées dans cette industrie, mais ils ne sont en fait que le porte-parole d’une minorité de femmes prostituées et ignorent la majorité, dont je fais partie, que l’on entend normalement pas et qui ne peut ou ne souhaite (de peur d’être reconnue, de peur d’être davantage stigmatisée, jugée, de peur des représailles, etc.) s’exprimer. Il faut rester extrêmement vigilant•e face à ce discours qui dissimule le silence et la réalité de plus de 90% des femmes exploitées dans cette industrie.
En ce qui a trait aux clients-prostitueurs, vous pouvez imaginer que je ne pense pas de gentilles choses d’eux, mais ne voulant pas offenser les hommes ici présents, je ne répéterai pas les mots qui défilent présentement dans mon esprit. J’ai également consulté une dizaine d’amies qui sont encore dans les clubs ou qui n’y sont plus. Elles n’ont, elles non plus, rien de positif à dire sur ces hommes sinon que ce sont des "portefeuilles" qui nous exploitent et profitent de nous. À ce sujet, une copine sexuellement exploitée dans les clubs de danseuses m’a dit : Les hommes sont avides de sexe et d’objets sexuels. Ils sont tous différents, mais leur but commun est de voir des filles nues et de les toucher. Beaucoup sont irrespectueux et prêts à se mettre dans les problèmes pour franchir les limites de l’interdit. En d’autres mots, c’est des hypocrites qui laissent leurs femmes à la maison et qui viennent toucher d’autres filles pour lesquelles ils n’ont aucun respect... C’est pitoyable !.
Il faut comprendre que les pratiques demandées par les clients-prostitueurs sont multiples en plus d’être déshumanisantes, dégradantes, violentes et dangereuses. Les clients-prostitueurs exigent, presque toujours, de ne pas porter de capote. Ils ont très souvent recours à la violence et veulent reproduire ce qu’ils voient dans la pornographie (relations sado-masochistes, double pénétration, relations avec deux femmes, etc.) Ils veulent toujours plus pour toujours moins, c’est-à-dire qu’ils utilisent le chantage ou tout autre moyen pour soit faire baisser le prix ou soit obtenir des "services" que les femmes ne veulent pas ’faire’ comme, par exemple, la pénétration anale.
La pornographie et les médias, en plus de toujours repousser les normes de ce qui est socialement acceptable, encouragent les clients-prostitueurs à faire de nouvelles expériences, à essayer de nouveaux produits (femmes exotiques, transexuelles, enfants, etc.), à transgresser les limites de ce qui est possible ou permis. C’est pourquoi ils exigent et exploitent des femmes de plus en plus jeunes et considèrent que la "chair fraîche" est meilleure. Ils désirent vivre de multiples expériences, dont la plus récente et la plus promue par les agences d’escortes et les médias est la girlfriend experience (GFE) qui leur permet de passer un moment avec une femme qui prétendra être leur copine. Ce qui veut simplement dire qu’avant de baiser, ils iront au cinéma, au restaurant, etc.
Dans les clubs de danseuses, il est maintenant légalement possible, et socialement très accepté, de toucher les seins, les fesses, les jambes et les bras, c’est-à-dire la presque totalité du corps de ces femmes, à l’exception de leur partie génitale. Cette légalisation a entraîné de graves conséquences pour les "danseuses" en plus d’entraîner d’énormes transformations quant aux conditions de travail. Les "danseuses" sont dorénavant exposées quotidiennement à la violence sexuelle : elles se font embrasser, "lécher" "sucer" les seins, toucher les parties génitales, mordre, griffer, gifler, etc. Cette violence est pourtant banalisée, normalisée et comprise comme faisant partie du métier.
J’ai "dansé" sur une période s’échelonnant sur près de 14 ans et jusqu’à récemment je "dansais" encore. Je suis sidérée par la banalisation spectaculaire de cette industrie. "Danser" est aujourd’hui si banal et si glamour qu’on encourage fortement les femmes et les jeunes filles à aller essayer ou même à y "travailler" pendant leurs études.
Les médias et la culture populaire (la musique, la télévision, le cinéma, la radio, Internet) y font fréquemment référence et les clubs sont vus comme un lieu d’émancipation pour les femmes. On peut y garder sa forme physique (on fait de plus en plus la promotion de la danse-poteau). On peut être subversive en renversant les rôles de pouvoir (ce sont les femmes qui profiteraient supposément des hommes) et assez ridiculement, les femmes n’auraient plus besoin d’étudier en gestion, puisque "danser" permettrait aussi d’acquérir et développer d’habiles stratégies et techniques de vente empruntées directement au monde du commerce.
Mais sur quelle planète vivent-elles-ils ? La prostitution (danser), un métier comme un autre ? Mais elles-ils sont folles-fous, complètement taré.e.s.
J’aimerais vous rappeler, en citant l’extraordinaire Andrea Dworkin, ce qu’est la prostitution. Et le plus beau cadeau que vous pourriez me faire aujourd’hui est de conserver précieusement cette citation dans votre mémoire :
La prostitution : qu’est-ce que c’est ? C’est l’utilisation du corps d’une femme pour du sexe par un homme ; il donne de l’argent, il fait ce qu’il veut.
Dès que vous vous éloignez de ce que c’est réellement, vous vous éloignez du monde de la prostitution pour passer au monde des idées. Vous vous sentirez mieux ; ce sera plus facile ; c’est plus divertissant : il y a plein de choses à discuter, mais vous discuterez d’idées, pas de prostitution. La prostitution n’est pas une idée.
Comme l’a si merveilleusement exprimé Andrea, la prostitution est évidemment beaucoup plus facile à théoriser qu’à "exercer". Allez donc vous jeter dans cette industrie aux appétits vampiriques et revenez m’en parler par la suite, on verra bien ce que vous aurez alors à en dire.
Vous pouvez lire également ce qu'en disent Laurence, Fiona, Noémie, Myriam, Clara, Eliane, Julien, Raphaël, Naïma, Alicia, Anaïs, Laldja, Paolo, Aïssa, Adriana, Roselyne, Mylène, Monika ou Nadine.

19 commentaires:

  1. Selon le même raisonnement, puisque beaucoup de patrons louent le corps de ceux qu’ils emploient, le dégradent, l’empoisonnent parfois de surcroît (amiante, produits chimiques divers) et récupèrent en bons proxénètes une grande partie de la plus-value que dégagent les travailleurs, il faut pénaliser tous les exploiteurs, les clients des exploités, tous ceux qui poussent des êtres humains à se dégrader et à ne plus se respecter. J’attends cette loi avec impatience.

    RépondreSupprimer
  2. @ avapierre

    Peut-être que quand les ouvriers seront tenus de se faire sodomiser par la clientèle sous peine d'être licenciés, vous aurez droit à votre loi.

    RépondreSupprimer
  3. A France Telecom, ils se suicident: le dernier s'est immolé par le feu ce matin. Mais effectivement, il ne faut pas qu'il se plaigne: il a sans doute eu la chance d'échapper à la sodomie.

    RépondreSupprimer
  4. @ Héloïse

    Et si j'avais vraiment très mauvais esprit comme certain(e)s, je dirais que parmi les milliers d'employés à France Télécom, il y a probablement des femmes qui se font sodomiser par leur supérieurs hiérarchiques sous la menace de perdre leur poste mais que bizarrement, il n'y a que des hommes qui se suicident.

    RépondreSupprimer
  5. @avapierre2003

    "bizarrement, il n'y a que des hommes qui se suicident. "

    Les femmes sont dressées pour ça. Elles apprennent très tôt à encaisser. C'est presque une deuxième "nature". Les hommes de manière générale sont plus protégés (et c'est d'autant plus vrai si ces hommes sont blancs et hétérosexuels...)donc potentiellement peut-être moins équipés pour supporter ce que les populations opprimées supportent depuis la naissance.



    Mauvaise herbe

    RépondreSupprimer
  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  7. @ avapierre2003

    T'a façon de prendre en otage les prolétaires dans ton discours afin de relativiser la prostitution est tout simplement dégueulasse.

    Toi et tout ceux qui relativisent la prostitution et/ou sont des "prostituteurs" sont la honte du genre humain et le maintiennent au plus pas degré de civilisation... c'est à dire à pas grand chose.

    @ Heloise

    Merci pour ce témoignage et tout ce que tu fait!

    RépondreSupprimer
  8. A avapierre : oui la preuve par le prolétaire. C'est un peu comme quand on réclame la parité homme/femme et que l'on vous répond : et pourquoi pas les roux et les handicapés ?
    La femmes est la moitié de l'humanité. Il semble qu'il faille sans cesse le rappeler.
    Et là, pareil : le prolétaire n'est pas un genre.

    Pourquoi les hommes se suicident le plus ? Parce qu'ils ont l'ego le plus démesuré. D'ailleurs toucher à leur droit d'humilier et de bousiller les femmes leur donne des envies de meurtre. Or le suicide n'est qu'une forme de meurtre appliqué à soi-même. En allemand "Selbstmord" de "selbst" : soi-même et "Mord" : meurtre.
    La femme a juste un peu plus de respect pour la vie. Y compris la sienne.

    RépondreSupprimer
  9. Et puis tiens, je vais remettre ce com' ici : avapierre, c'est pour moi la version soft de mon Wakajawaka mais il ne faut pas se fier au "soft". D'abord ils te la font la causerie devant la tasse de thé et les petits gâteaux (la prostitution est une discussion de salon "comme une autre" ou je me trompe ?) ; après il squatte. C'est l'inondation de paroles parce que plus on occupe le temps et l'espace moins les autres peuvent l'occuper ; et après, si on n'est toujours pas convaincu.e.s, ils déforment vos arguments en insultes et prennent la position des victimes d'une conjuration de harpies qui n'a pas d'autre idéal que de dominer la planète afin d'en faire un monde de cauchemar pleine d'hommes émasculés.
    Avec les pro-prostitution, c'est un peu toujours le même scénario du même navet.
    On baille à les lire.

    RépondreSupprimer
  10. @ avapierre

    Je ne vois pas le rapport entre le taux de suicidés masculins et la prostitution. Comme il a été dit avant, c'est plutôt à mettre en lien avec le fait que les hommes sont moins endurants à la souffrance (éducation + expositions à la souffrance moins fréquentes). Et je pense que s'ils devaient se faire sodomiser sur leur lieu de travail par de parfaits inconnus, les vagues de suicide ne seraient pas circonscrites à deux entreprises seulement.

    RépondreSupprimer
  11. @ Seba

    Merci en retour pour le soutien !

    @ Euterpe

    Merci pour ta réponse argumentée sur le suicide masculin.
    Oui, avapierre est quand même plus "soft" que waka dans le sens où il ne monopolise pas l'espace de parole, en général. C'est un troll assez facile à vivre !

    RépondreSupprimer
  12. @ Seba

    « Prendre en otage » c'est une expression galvaudée par les réactionnaires de tout poil contre les grévistes; ça ne veut plus rien dire. Quand on établit un parallèle ou que l'on procède à une comparaison, on « prend en otage » alors? S'il fallait vraiment employer cette tarte à la crème, elle s'appliquerait plutôt à Mme Bachelot qui prend en otage à la fois les prostituées et les abolitionnistes pour nourrir le populisme sarkozien.

    En ce qui concerne le suicide, je pense qu'on ne doit pas aller chercher autre chose que la souffrance psychologique. Celui qui se suicide est le plus malheureux. Prétendre le contraire relève de la mauvaise foi et du cynisme. Beaucoup d'hommes sont aussi victimes du système patriarcal. D'ailleurs, c'est à ce dernier qu'il faudrait vous en prendre et non pas aux hommes.

    @ Héloïse

    Dans le contexte actuel, la pénalisation des clients de prostituées me paraît tout simplement dangereuse pour les prostituées qui seront davantage rejetées dans la précarité, la clandestinité et le proxénétisme. D'ailleurs, puisqu'interdire c'est valoriser, je me demande si les réseaux mafieux n'ont pas objectivement intérêt à ce que la pénalisation du client soit décrétée. Je suis d'accord avec les marxistes qui disent que seule une société communiste libérera la femme, supprimera toute prostitution officielle et non officielle dans la mesure où le communisme implique la fin du patriarcat et surtout celle de l'assignation de genre. Ajoutée à cette dernière, la binarité des sexes oppose hommes et femmes dans une vision manichéenne de la société d'où l'oppression de la femme par l'homme. En l'état actuel des choses, ce projet de loi revient à mettre la charrue avant les boeufs en renforçant l'antagonisme entre les sexes. Pour moi, c'est faire pire que mieux.

    Je ne crois pas davantage et même peut-être moins mériter le qualificatif de « troll » que tou/t/e/s celles/ceux qui interviennent sur ce blog. Revoyez la définition de ce « terme » dans son acception sur internet.

    Enfin, en admettant que vous ayez raison au sujet de la prostitution féminine, pourquoi dans ce cas ne pas pénaliser seulement les clients des prostituées femmes et non ceux des prostitués hommes?

    RépondreSupprimer
  13. @ avapierre

    Je vais poster un article sur les effets de la légalisation. Je n'ai pas trop le temps en ce moment de répondre point par point, ce billet sera ma réponse à votre principal argument.

    Quant à la pénalisation des femmes clientes, j'y suis favorable aussi car la prostitution, même si elle est affaire de domination masculine, s'appuie aussi sur la domination d'une classe sur l'autre. Et aussi parce que je considère que le corps n'est pas une marchandise et que ça s'applique à toutes et tous.

    RépondreSupprimer
  14. @ Héloïse

    Alors là, non, je ne suis pas du tout d'accord. Que vous ayez plus le droit que moi de parler au nom des femmes, oui évidemment. Maintenant prétendre que toutes celles qui affirment se prostituer librement sont aliénées ou malades, ça me paraît très contestable. Et vouloir en plus empêcher les hommes prostitués d'exercer leur activité, c'est pour moi ni plus ni moins qu'une grave atteinte aux libertés fondamentales. Dans le système où nous vivons le corps est une marchandise, qu'on le veuille ou non. Une petite précision qui a néanmoins son importance: se prostituer ne consiste pas à vendre son corps mais à le louer.
    Certes, dans une société communiste ou dans le monde des Bisounours, toute forme de marchandisation disparaîtra mais on n'en est pas encore là.

    RépondreSupprimer
  15. "Dans le système où nous vivons le corps est une marchandise" : non monsieur MON corps n'est pas une marchandise. Je ne loue ni ne vends mon corps. Vous peut-être ? Vendez-vous vos orifices ? Oh pardon, "louez"-vous ? Louez-vous votre anus ? Votre bouche ?
    Tiens, vous ne donniez pas franchement cette impression.
    Ah oui !!!! Le fameux monde des Bisounours !!!! Celui dans lequel nous ne sommes pas !!!! Parce nous nous sommes dans un monde d'enculeurs, plutôt (sans vouloir être vulgaire).
    C'est vrai que se faire enculer ce n'est pas se faire des bisous entre Nounours. Y a pas photo.

    RépondreSupprimer
  16. A avapierre de nouveau : "D'ailleurs, puisqu'interdire c'est valoriser, je me demande si les réseaux mafieux n'ont pas objectivement intérêt à ce que la pénalisation du client soit décrétée".
    Chiche ! Essayons ! Je suis pour. On pénalise les clients "pour voir". Et puis si les mafieux y gagnent comme vous le prétendez, eh bien : no problem ! Il sera toujours temps de dépénaliser ! C'est une riche idée. J'espère qu'on va vous prendre au mot !!!!

    RépondreSupprimer
  17. @ avapierre

    Tout à fait d'accord avec Euterpe sur le fait que vous défendez avant tout votre droit à disposer du corps des femmes. Et pour cela, certains n'ont même pas besoin de "consommer": savoir qu'il existe une réserve de femmes disponibles suffit à rassurer certains sur le maintien d'un ordre des choses qu'ils pensent normal et nécessaire. La prostitution masculine: c'est facile, non, de dire que vous tenez à votre liberté de vous prostituer quand, justement, vous ne vous prostituez pas. D'autre part, les prostitués subissent moins de violence de la part des clients et pas du tout quand il s'agit de clientes. La problématique n'est pas la même que dans la prostitution féminine et beaucoup, dans la polémique qui agite les esprits en ce moment, "oublient" de le préciser ...
    Une société meilleure est envisageable et ça n'a rien à voir avec les Bisounours. A ce compte-là, arrêtons de nous battre contre toutes les injustices et violences puisqu'on n'est pas près de les éradiquer. Mieux: encadrons-les, donnons leur des contours juridiques !

    @ Euterpe

    Merci pour ta réponse. Je suis en retard sur tout ce que je fais en ce moment, ton appui est vraiment bienvenu !

    RépondreSupprimer
  18. C'est avec plaisir, Héloise. On est copines et tu m'as souvent secourue ! ;)
    Heureusement les fourberies d'avapierre sont faciles à démasquer. Il se croit très malin sauf qu'il est aussi transparent qu'une méduse.
    Avec ses enthymèmes, ses épichérèmes et ses syllogismes c'est un grand champion de la réthorique mais ses tentatives de donner mauvaise conscience aux abolitionnistes tout en se faisant passer pour la Vertu personnifiée sont juste du plus haut comique !

    RépondreSupprimer
  19. Appel de textes

    L’abolitionnisme révolutionnaire : Pour la libération du corps et de la sexualité des femmes au-delà des limites imposées par le capitalisme et la civilisation
    Coordonné par Média Recherche Action

    Les grands médias et même les médias alternatifs réduisent souvent le débat sur la prostitution à un besoin de syndicalisation du travail du sexe ou, au mieux, à l’abolition de l’exploitation sexuelle commerciale. Nous n’entendons pas d’autre voix. Dans un camp comme dans l’autre, la critique reste à faire quant aux limites des moyens mis de l’avant. Tel que la normalisation des violences sexuelles initiées et encouragées par une industrie capitaliste, de la marchandisation de la sexualité des corps ou de l’utilisation de la police.

    La centralisation du discours abolitionniste autour de différents groupes subventionnés et l’absence de critique de ces organisations par solidarité féministe laisse parfois penser qu’il n’existe pas d’autres avenues possibles. Rappelons cependant que la majorité des victimes d’agression sexuelle en général n’ont que peu ou pas de confiance en la police 1 ni au système d’(in)justice. D’autant plus lorsque celles-ci sont criminalisées.

    Il est pour nous inadmissible que la sexualité soit empreinte de violence, de rapport de domination et/ou conditionnel à un rapport marchand. Nous sommes solidaires de l’ensemble des efforts de luttes et des démarches entreprisent par les survivantes/abolitionnistes et des femmes dans la prostitution pour reprendre possession de leur corps et de leur sexualité. Nous ne voulons en aucun cas participer à la criminalisation ou la marginalisation des femmes prostituées. Encore moins renforcer la domination masculine en donnant davantage de pouvoir aux policiers ou aux juge-avocats, à ceux là mêmes qui contribuent directement à la violence et la criminalisation des femmes ainsi que leur prostitution.

    Nous devons mettre de l’avant les bases d’une analyse anarcha-féministes de l’exploitation sexuelle. Pour ce faire, nous devons réfléchir sur:

    les expériences d’action directe passées
    une critique des rapports de dominations interne dans les milieux communautaires et subventionnés
    une critique de la porno-féministe et de l’autogestion des milieux de la prostitution
    une analyse anticolonialiste écrite par des femmes autochtones
    les questions de stratégies et de tactiques à utiliser
    les outils\moyens à mettre en place pour s’organiser et contre-attaquer


    Cette brochure vise à jeter les bases anarcha-féministes d’une position abolitionniste de l’exploitation sexuelle. Cet appel s’adresse particulièrement aux femmes-femelles féministes abolitionnistes qui ont des perspectives matérialistes, anti-civilisationnelle et\ou radicales.

    Les textes, en français de préférence, écrits collectivement ou individuellement, doivent aborder un sujet spécifique plutôt que générique et être soumis (media.recherche.action@riseup.net) environ au 1er septembre 2013. Nous procéderons ensuite à une révision collective. Veuillez nous informer par courriel, en quelques lignes, de la ligne directrice que prendra votre texte, dès que possible.

    Média Recherche Action
    media.recherche.action@riseup.net
    www.mediarechercheaction.info

    (1) Sondage – Les victimes de violences sexuelles ont peu confiance en la justice, La Presse canadienne, 6 mai 2013
    * * *

    Pour partager l'appel:
    http://www.mediarechercheaction.info/?p=664
    ou
    https://www.facebook.com/notes/m%C3%A9dia-recherche-action/pour-la-lib%C3%A9ration-du-corps-et-de-la-sexualit%C3%A9-des-femmes-au-del%C3%A0-des-limites-im/453924308031176

    RépondreSupprimer